Ambohigogo – faible densité de population mais violences et tensions en hausse

Il est 06.30h, je me rends à Ambohigogo à moto. Un grand arbre, attaqué par la pourriture, est tombé à travers la piste durant la nuit. Avec une deux roues, il est possible de contourner l’obstacle, mais pas en voiture 4X4. Dans l’après midi, trois bûcherons sont là avec leur cognée. Ils prennent leur temps, pourtant des passagers de taxi-brousse et d’autres attendent patiemment. A la tombée de la nuit, trouveront-ils peut-être la voie libre ? Cette patience, ne nous échappe-t-elle pas ?

Malgré la faible densité de population dans la région d’Ambohigogo, la Communauté du même nom accueille régulièrement des tuberculeux. Avant de venir ici, certains font confiance à des marabouts, impuissants face à cette maladie. Trop affaiblis, ils ne résistent plus aux remèdes connus, éprouvés, efficaces. Quatre malheureux patients sont morts ici depuis le début de l’année.

Dans le village d’Ambohigogo, trois autres morts sont également à déplorer suite à des jalousies. Pour de l’argent, on vole, on tue. Cette violence inacceptable, méconnue autrefois, rend la vie des personnes intègres toujours plus difficile encore.

C’est en canote, sur une quinzaine de kilomètres, qu’il est agréable de se rendre à Tangainony. Deux heures de parcours, sur une rivière calme serpentant au milieu des rizières et des champs, où une tête de crocodile fait de temps en temps une apparition.

Deux nouvelles salles d’école sont actuellement érigées à l’étage de classes déjà existantes. Ici sur la colline, tous les matériaux sont portés à dos d’hommes, le plus souvent depuis l’embarcadère de la canote. Ce lieu est privilégié, car le bas de la colline est régulièrement inondé lors de la saison des pluies. Durant cette période, beaucoup de villageois se réfugient  dans la salle commune ou les salles de classe pour dormir.

Tout est ici un peu démesuré. Le périmètre de la paroisse catholique est très grand, avec un seul prêtre pour cet immense territoire. Je croise un pèlerin qui a parcouru 80 km à pieds pour participer à la messe de la Pentecôte. L’école publique compte en moyenne 100 élèves par classe. Le salaire d’un journalier travaillant à la rizière est de 2’000 Ariary/jour pour les femmes et 2’500/jour pour les hommes, soit respectivement Frs 0,65 / 0,85. Le prix d’achat d’un kilo de riz est de 1’500 Ariary. Ce déséquilibre révolte, crée des tensions et de la violence.

Intention de prière.

Pour la paix à Madagascar, pour une prise de conscience des méfaits dévastateurs de la corruption et pour un juste partage des richesses naturelles du pays.

 

Fraternellement

François