Bonjour à tous,
La région d’Ambatondrazaka, située au nord-est de la capitale, est considérée comme le grenier de riz du pays. Le grain, fin et d’excellent goût, ne se gorge pas d’eau en le cuisant et ne colle pas. L’exploitation de bois, à la vue des innombrables camions chargés de grumes équarries à la hache quittant la province, est également importante. Les meules à charbon en combustion, composées de petits bois d’eucalyptus, embaument ça et là l’atmosphère.
La route d’accès, rénovée et en bon état il y a deux ans, s’est considérablement dégradée. Le taxi-brousse de service a mis 9 heures pour parcourir les 158 km séparant Morondava à Ambatondrazaka. Les « nids d’éléphants » et les ornières ont fait leurs apparitions sous les charges incontrôlées des innombrables camions. Devant chaque pont, nombreux dans la région, un panneau de signalisation indiquant 25 tonnes maximales, est compréhensible en toutes les langues. Pourtant, d’immenses semi-remorques cinq essieux passent par là, pneus ployant sous la charge atteignant gaiement les 60 tonnes. La police est bien présente, plus de dix postes sur le parcours. Les gestes galants des hommes en uniformes pour arrêter le trafic, contrôler les papiers et même le passeport, paraissent d’une maîtrise totale de la situation ! Mais voilà, quand l’intérêt privé passe avant celui de la collectivité, rien ne peut fonctionner. Comment progresser dans une telle anarchie ?
Les Sœurs Vocationnistes à Manakambahiny ont, pour la première année, ouverts une classe secondaire de 30 élèves dans leur Centre en plus de l’école primaire introduite en 2011, année de la fondation de la Communauté. Autrefois, dans cette région rurale, beaucoup d’enfants ne fréquentaient pas l’école avant l’arrivée des religieuses, en raison principalement de l’éloignement d’un centre scolaire. L’ouverture d’une classe secondaire est une aubaine pour la grande majorité des jeunes qui, auparavant terminait leur scolarité en primaire.
La Communauté est pauvre, raison pour laquelle le groupe produisant l’électricité du Centre est actionnée très rarement en raison du prix élevé du gasoil. Sœur Esther, responsable des lieux, me dit avoir mauvaise conscience de consommer chèrement de l’électricité alors que tant de gens ne mangent pas à leur faim. Un petit projet d’installation de panneaux solaires sera prochainement à l’étude.
A Ambatondrazaka, Sœur Luciana, infirmière des prisonniers malades, m’emmène visiter la prison. Cette dernière a pris l’initiative d’améliorer le lieu de vie des 38 femmes actuellement emprisonnées. Le fond de la petite cour intérieure, autrefois en terre, est aujourd’hui bétonné et propre. Des armoires à casiers ont été confectionnées pour entreposer les habits qui anciennement jonchaient le sol. Les 5 mamans accompagnées de leur bébé dorment dans un local à part, sur des lits. Malgré cela, me confie une détenue, l’absence de liberté est pénible à supporter, surtout le soir où la pénombre occupe les lieux à partir de 18 h. La pitance quotidienne se limite à 100 grammes/jour de manioc cuit à l’eau. Les prisonnières privilégiées reçoivent occasionnellement un peu de nourriture de leur famille.
De passage à Antananarivo avant de voyager sur la côte est, un chauffeur de bus urbain me dit qu’il débute son travail le matin à 04.00 h. et le termine à 19.00 h., ceci du lundi au samedi. Travailler 15 heures par jour lui rapporte 10’000 Ariarys, soit environ 2,6 €. Ici à la capitale, son salaire quotidien lui permet d’acheter 5 kg de riz ou 800 grammes de viande de poulet. Et quel temps lui reste-t-il pour s’occuper de sa famille ou pour ses loisirs ? De plus dans ce brouhaha, ces embouteillages interminables, cette poussière, cette atmosphère irrespirable, sa santé payera le prix cher.
Belle semaine.
François
Moramanga-Ambatondrazaka-ça passera…
Moramanga-Ambat.-admirer le contrôleur au dessus du talus
Moramanga-Ambat.-meule à charbon en préparation