Septembre 2022
À Haïti, des milliers de personnes meurent dans les violences, dans un pays abandonné par l’occident et où la vie ne vaut plus rien. Car selon le décompte du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, il y a eu près de 1000 meurtres, 700 blessés et 700 enlèvements de personnes de toutes origines socio-économiques et de toutes nationalités, durant les six premiers mois de cette année en Haïti 1. À Washington 2, le président de la République dominicaine a averti la situation de son voisin s’apparente à “une guerre civile de faible intensité” ” qui présente une menace pour la sécurité nationale dominicaine, entraînant la fermeture de sa frontière, tandis que la demande d’une intervention de forces armées de l’ONU est ignorée. Cette situation explosive est pourtant dénoncée depuis des années. La violence des gangs et des enlèvements déchire le pays et laisse une traînée de morts. Les meurtres, les rapts, les tortures et les violences sexuelles terrorisent la population et permettent aux gangs de maintenir leurs activités criminelles. En septembre dernier des manifestations antigouvernementales, déclenchées par une hausse annoncée du prix du carburant à la pompe 3, se sont poursuivies en Haïti. Des pillages ont éclaté dans différentes villes. Des manifestants ont pillé un entrepôt du Programme alimentaire mondial de l’ONU contenant 1400 tonnes de nourriture. D’autres scènes de pillage ont été constatées notamment aux Gonaïves et à Saint-Marc. Les locaux du Bureau des Nations unies (UNOPS), plusieurs établissements scolaires, une université publique et plusieurs entreprises, ont été saccagés et pillés. Les protestataires ont attaqué des entreprises et des institutions publiques, le bureau des archives nationales, des magasins et des boutiques. Les résidences de trois proches du gouvernement 4, ont été saccagées et pillées.
Abandonnés dans l’indifférence générale, là où les blindés de l’ONU et les ambulances n’interviennent pas, les missionnaires veillent au péril de leur vie sur ceux qui sont affamés, privés d’aide internationale et de leurs droits les plus élémentaires. L’éducation et la santé, la protection et la défense des plus pauvres ne reposent pour l’essentiel sur les épaules des religieuses et des prêtres. Or les violences et pillages sont désormais montés d’un cran avec l’attaque et le pillage d’écoles, de centres de santé et renutrition tenus par des congrégations religieuses. Au Réseau des Entrepreneurs Solidaires nous sommes notamment en contact avec les sœurs de Saint Joseph de l’Apparition qui ont été traumatisées par la destruction totale le 17 et 18 Septembre, de leur centre pour personnes handicapées, de l’usine de textile, de l’école, du centre de santé et du centre de renutrition situés à Gonaïves dans un des quartiers les plus pauvres. Tout le mobilier et l’ensemble du matériel a été arraché, démonté, volé ou brûlé par la colère des manifestants ; la chapelle a été profanée et vidée, la maison des sœurs dévastée. Dieu a permis que ces sœurs, exfiltrées par la police, aient la vie sauve mais les plus jeunes sont en état de choc. La situation est hors de contrôle ; les banques et ambassades sont fermées, les déplacements impossibles ; la peur règne partout. Les sœurs sont cachées, attendant un retour au calme pour évaluer la situation, mais les bâtiments de leur mission sont ruinés.
Pour ce qui concerne les filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, à Gonaïves toujours, l’école St François a été épargnée par la foule grâce aux parents d’élèves qui ont formés par héroïsme une barrière humaine. Cette école est une exception parmi celles de Gonaïves qui ont été détruites. Le centre scolaire situé à Cite Soleil, un bidonville de Port au Prince, a suspendu la rentrée des classes. À Meyer, sur la côte sud d’Haïti, les sœurs sont isolées et l’école est fermée. Elles ont stoppé la clinique mobile en raison de l’insécurité et du doublement des coûts des médicaments. Mais elles assurent des soins et font des visites dans les maisons deux fois par semaine dans une région touchée par la famine.
Alors chers amis, n’oublions pas les missionnaires en Haïti : ils sont le dernier rempart face au retour de la barbarie, là où la vie ne vaut plus rien.
Que pouvons-nous faire ? Pour nous aider, voici les trois principaux moyens :
1. Rejoindre le groupe de prière RES : merci d’écrire à Emmanuel de la Ville emmanuel.delaville@ethifinance.com pour vous inscrire
2. Rejoindre l’équipe RES pour vous engager : merci d’écrire à Didier Roux droux7@hotmail.com pour en parler
3. Faire un don pour aider RES à soutenir matériellement les missionnaires, 100% des dons sont reversés aux religieuses : – Faire un don sécurisé : Faire un don
Prions Notre Dame du Perpétuel secours et Saint Joseph afin que la raison et la paix reviennent en Haïti. Encore merci pour votre soutien.
Edouard Montier
1 Le rapport ressence 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements sur la période de janvier à fin juin 2022.
2 En septembre 2022, s’adressant aux dirigeants de l’hémisphère à l’Organisation des États américains
3 Les subventions gouvernementales pour maintenir les prix de l’essence en dessous de 3 dollars le gallon, et le diesel et le propane en dessous de 4 dollars le gallon, coûtent au gouvernement environ 400 M USD par an. Maintenir ce montant de subvention, en plus des 600 M USD millions de dollars qu’Haïti perd en raison des droits de douane non perçus dans ses ports, n’est pas viable, a noté le Premier ministre par intérim Henry le 11 septembre 2022 dans un discours à la nation.
4 L’avocat André Michel et l’ancienne sénatrice Edmonde Beauzile, Ricard Pierre, ministre de la Planification et de la coopération externe du gouvernement