Voici quelques infos des dernières visites.
Une piste en mauvais état relie Ranotsara à Ihosy. En taxi-brousse, il faut 4 heures pour parcourir les 80 kilomètres qui joignent ces deux localités. Des dizaines de cyclistes, leurs vélos lourdement chargés de sacs de charbon principalement, se rendent à la ville pour vendre leurs marchandises péniblement gagnées. Le sol est sec, aride, parsemé ici et là de petits arbustes et de termitières. Les enfants des petits villages que nous traversons sont tous pieds nus, signes évidents de pauvreté.
Les Sœurs Filles de la Charité sont arrivées ici à Ranotsara, village de 4’000 habitants environ, en 1975. Depuis lors, la Communauté a pris un bel essor :
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- 540 élèves fréquentent les écoles du Centre de la maternelle au secondaire
- 175 enfants abandonnés suivent des cours d’alphabétisation
- 190 enfants ont la chance d’avoir une éducation, un toit et à manger sainement à l’orphelinat. Pour les élèves désirant poursuivre leurs études au lycée, la Congrégation paye les frais d’écolage et de pension.
- 125 élèves issues de familles très pauvres sont accueillis à la cantine scolaire
- 65 vieillards, hommes et femmes sans le sou, bénéficient de trois repas quotidiens à la Communauté
- 41 femmes fréquentent la promotion féminine qui vulgarise des connaissances en couture, cuisine, maraîchage, élevage.
- Un dispensaire, très apprécié de la population locale et régionale, est ouvert à tous les nécessiteux
- La Communauté loue de petites maisons dans le village pour assurer un abri aux pauvres qui n’ont même pas une tôle à se mettre sur la tête.
C’est émouvant, dans l’enceinte de la Communauté, de voir tout ce monde, jeunes et vieux, qui viennent manger le repas du jour et qui se côtoient dans un bel esprit de famille.
Durant 4 mois, d’octobre à janvier, la Communauté manque cruellement d’eau, le puits d’une vingtaine de mètres de profondeur est à sec. Il faut aller la chercher à 3 km dans la rivière, où elle n’est pas toujours propre et où son débit diminue d’année en année. Quel volume d’eau faut-il quotidiennement pour assurer le minimum vital à toute cette population vivant sous la protection des Sœurs ? L’espoir est là de trouver l’argent pour réaliser un forage qui assurera en suffisance la présence de ce breuvage vital pour tous les êtres vivants sur cette terre.
Durant le Covid, beaucoup de personnes faibles et d’enfants dénutris sont décédés dans la région. Comment rester confiné dans sa maison sans avoir un grain de riz à se mettre sous la dent ? Compte tenu de la sécheresse persistante et de la paupérisation grandissante de la population, l’insécurité s’accroît principalement durant les périodes « hors récoltes ». Les vols de zébus sont courants. Des enfants enlevés ont disparu suite au non-paiement de rançons. Le véhicule des Sœurs a été arrêté par des bandits cagoulés et armés à 18.00 heures, au retour de courses dans la capitale régionale. Sœur Josiane, Supérieure de la Communauté a répondu avec humour à ces truands : « merci de nous arrêter pour nous dire bonjour ». Et le convoi continua son chemin sans autres complications. Il faut préciser que ces religieuses bénéficient d’un grand respect et d’une excellente réputation auprès de toute la population.
Avec son harem d’animaux domestiques, ses rizières, son jardin potager, son verger, la Communauté des Sœurs de la Charité de Ranohira possède une belle autonomie alimentaire. Dans la grande enceinte du Centre on rencontre en effets cinq zébus, plus de 300 poules pondeuses et autres gallinacées, des porcs, des moutons… La bonne santé de tous ces animaux prouve les bons soins qu’ils bénéficient. Pour économiser l’achat de provende pour poules pondeuses très onéreuses, la moitié de l’alimentation de cette volaille est produite par la Communauté avec principalement du tourteau, déchets de pistaches pressés par les employés avec un pressoir artisanal construit par le chauffeur du Centre. Compte tenu de la sécheresse persistante, la récolte de riz a atteint cette année le 10% d’une production moyenne annuelle.
Le sport pour les jeunes est une priorité pour les Sœurs. Le Centre possède en effet deux terrains de basquet ainsi qu’un terrain de football que peuvent en profiter les 700 élèves des écoles gérées par la Communauté. En moyenne, 170 écoliers mangent à la cantine scolaire. Pour la plupart, c’est le premier repas du jour. Pas un brin de nourriture n’est gaspillé ; si un enfant trouve sa ration un peu grande, il partage le surplus avec ses camarades. Bel exemple d’anti-gaspillage pour nous tous !
Belle fin de semaine à toutes et tous
François