
La pauvreté est grandissante
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Bonjour à tous,
Comme dans toutes les Communautés, les religieuses de Farafangana Sacré Cœur s’occupent des pauvres venant frapper à leur porte. Ce n’est pas rare de payer les frais d’hospitalisation de malades démunis de tout, précise Sœur Odile. Sans argent, tu ne rentres pas dans un hôpital public. On a coupé le pied à un éleveur après lui avoir volé son troupeau. Cet homme a aujourd’hui tout perdu et se retrouve gravement blessé, sans argent. Heureusement pour lui, les Sœurs sont à ses côtés pour le soulager psychologiquement et financièrement. D’autres éleveurs et propriétaires fonciers, victimes de vols de leur troupeau et blessés, sont dans l’obligation de vendre leurs terres pour payer les frais d’hospitalisation. Ils ont tout perdu et certains quittent leur village pour aller grossir les rangs des démunis en ville. Ces violences et ces vols inacceptables, quelques fois perpétrés de connivence avec l’armée ou la police, ont non seulement des conséquences dramatiques pour les familles victimes, mais la rareté du lait local s’accentue encore en parallèle avec la disparition des attelages.
Le Centre d’Ambohigogo, situé à 34 km à l’ouest de Farafangana, est relié à cette ville par une piste en terre par endroit défoncée. Le dispensaire de la Communauté, dans ce petit village retiré, est très apprécié de la population régionale. De petites cases permettent l’hospitalisation de certains patients faibles et nécessitant un suivi médical. Les tuberculeux logent également dans une maison en bois proche du dispensaire durant leur traitement. Le confort y est par contre rudimentaire. Une simple natte sépare les planches des lits aux malades décharnés. Un devis pour l’achat de matelas est en préparation.
Moteur pétaradant et polluant, c’est toujours un moment particulier de se rendre à Tangainony en canot. L’alimentation du moteur en gasoil s’effectue par un tuyau bricolé relié à un jerrican pendu au plafond de l’embarcation alors que le refroidissement de l’engin est assuré par l’eau puisée dans le fleuve. Un jeune adolescent rempli régulièrement un autre bidon suspendu en dessus de la mécanique. Six litres d’eau /minute sont nécessaires pour garantir le bon fonctionnement du tout, ce qui représente environ 1’000 litres au terme de l’épopée de deux heures quarante cinq minutes.
La pauvreté est ici grandissante, m’explique Sœur Jacqueline, infirmière. Les femmes enceintes n’ont pas l’argent pour accoucher à l’hôpital et mettent au monde leur enfant à domicile. Dès qu’un problème survient, c’est souvent le drame et la maman laisse sa famille orpheline. Aujourd’hui, le dispensaire de la Communauté accueille 55 orphelins. Les médicaments de « Pharmacie Humanitaire Internationale » envoyés par RES sont d’un grand secours et Sœur Jacqueline me prie de transmettre ses remerciements à tous les acteurs de ces précieux dons.
Ce lundi de Pâques, les moteurs des canots font silence. C’est en pirogue que je regagne Farafangana. Il est 04.00 h., le ciel est étoilé avec une pleine lune, la pirogue glisse sur l’eau aux chants des oiseaux. L’air pur, le calme, la nature verdoyante, quoi de plus divin, de plus reposant ?
Ce matin, 160 pauvres attendent ici à la Communauté d’Ambatoabo leur ration de riz hebdomadaire. Avec les lépreux, les tuberculeux, ce sont 13 sacs de 50 kg de riz consommés par semaine. Le nombre de nécessiteux ne diminue pas avec l’arrivée ce matin de 4 jeunes orphelins accompagnés de leur grand-maman. Le père est en traitement psychiatrique et la maman est morte avec son bébé lors de l’accouchement. L’argent nécessaire à l’achat de ce produit alimentaire de base est difficile à trouver, m’explique Sœur Téodora, responsable du Centre. Quelques dons privés spontanés sauvent parfois la situation.
Au plaisir
François
PS : excellente nouvelle pour le Centre d’Ambatoabo qui vient de recevoir sa lettre d’agrément après plusieurs mois de labeur et de pénibles tracasseries administratives.
farafangana-ambatoabo-4 petits orphelins