François à Mada – Une école et un dispensaire loin de tout

Bonsoir à toutes et tous,

Le voyage d’Ambatondrazaka via Antananarivo  et Ihosy a duré  27 heures, y compris le temps d’une panne de 4 heures. La roue arrière gauche du taxi-brousse s’est détachée du véhicule et a traversé la route pour finir sa course folle dans un fourré. Heureusement, personne ne se trouvait dans la trajectoire de « l’objet roulant identifié » ! Un véhicule de remplacement est arrivé 4 heures après l’incident sans qu’aucun passager ne se fâche. Bel exemple de patience ! Une crevaison a encore immobilisé le taxi-brousse durant la nuit. Là, le changement de roue a été rapide, comme la réparation ; à 02.00 h., le pneu était rafistolé, le temps de manger un petit repas malgache dans une gargote.

A Ihosy, petite ville située à 300 km de l’extrême sud de l’île, le climat est beaucoup plus chaud et sec que le centre du pays, appelé « Hautes Terres » (Antananarivo se situe à environ 2’350 mètres d’altitude). Les récoltes maraîchères et rizicoles seront faibles comme les deux dernières années, précise Sœur Clarisse, Supérieure de la Communauté des Filles de la Charité. Un cyclone est passé par là ; les vents violents ont provoqué de gros dégâts alors que la pluie était faible. La pauvreté s’accroît ; toujours plus de pauvres dorment à la belle étoile. Cette fin de semaine, la Communauté organise une kermesse. Les bénéfices de cette fête sont destinés à payer les salaires des enseignants durant leurs vacances. Certains parents pauvres ne peuvent pas payer l’écolage de leurs enfants, ce qui provoque de gros déficits budgétaires de la Communauté.   

Cinq heures de taxi-brousse ont été nécessaire pour rejoindre Jangany, grand village de 4’000 habitants situé au milieu de nulle part. Pas de places perdues dans le véhicule ; nous sommes 10 personnes de plus qu’autorisé et la marchandise sur le toit du véhicule dépasse de 70 cm la hauteur réglementaire. Il faut préciser que les personnes en surpoids dans cette région sont « invisibles ! » Les contrôles de police n’inquiètent pas le chauffeur qui a déjà préparé le « remède » qui lui permettra de passer son chemin sans encombre.

Sur ce parcours en terre long de 110 km, nous traversons un seul village et quelques petits hameaux dispersés dans un paysage aride. Cette année, la pluie en faible quantité n’a fait son apparition que durant cinq jours, ceci après 3 ans de sécheresse. Les récoltes sont très faibles ; un bon nombre de « terrasses » aménagées ingénieusement autrefois pour répartir judicieusement l’eau sur toutes leurs étendues sont aujourd’hui infertiles. La famine menace et l’insécurité augmente ; l’armée est présente au village suite à la demande de la Municipalité. 

Les six religieuses œuvrant dans la Communauté gardent malgré tout un bon moral. Elles ont l’habitude de vivre avec peu et de se débrouiller pour gérer leurs écoles de 760 enfants allant de la maternelle au lycée. L’internat accueille 76 jeunes venant de loin dans la brousse. Le dispensaire est également très apprécié de cette population rurale aux maigres revenus. Sœur Noëline, Supérieure de la Communauté, remercie chaleureusement RES pour l’envoi de quatre cartons de médicaments. 

Cordialement

François